Jocelyn Blanchard est le seul joueur Lensois à avoir dû subir l'évacuation imposée aux riverains de la zone de sécurité autour de la Gueule d'Ours. Pas étonnant quand on connaît la réputation de ses obus et autres missiles. Plus étonnant, l'ami Lamine n'est pas concerné…

A force de critiquer (gentiment) certains choix de Gervais Martel, on en oublierait presque de regarder ce qui se passe ailleurs. Et pourtant, en matière de présidence de club, on peut s'estimer largement chanceux. Un rapide tour d'horizon nous montre un président Lyonnais qui verse dans la parano sauvage mais calculée pour tenter de faire pression sur les arbitres dans le sprint final ; un «président» Marseillais qui apparaît au balcon saluer son bon peuple, tel César (à moins que ce ne soit Néron), et qui se met en colère dans Téléfoot parce qu'on lui parle (pourtant avec cirage de bottes à la clé) de son passé ; un président Rennais qui, à en croire Bernard Lama, délègue tout pouvoir à des hommes minés par les conflits d'intérêts et sans aucune compétence footballistique ; un président Stéphanois qui a gâché en trichant l'énorme potentiel sportif et humain d'un des plus beaux clubs de France ; un président Strasbourgeois qui prouve encore une fois, et avec condescendance, qu'il n'a décidément rien compris au football ; un président Lillois qui… heu… au fait, c'est qui le président Lillois ? ; et un président Parisien nouveau recordman d'Europe du gâchis, en attendant de s'attaquer au record du monde. Alors bien entendu, on pourra toujours reprocher certaines choses à Gervais Martel, et on ne s'en est pas privé ici cette saison. Mais au moins est-il un président honnête, qui connaît le football, qui aime son club et, comme il va sûrement nous le prouver, qui sait retenir les leçons du passé. Dans la course au ridicule que mène avec entrain la plupart des présidents Français, c'est un vrai privilège dont nous ne pouvons que nous enorgueillir.

Cette année, après plusieurs saisons de disette, il semble que Lens ait touché le gros lot : les jeunes joueurs de l'équipe réserve menée par Bijotat semblent réellement pétris de talent : Randria, Zeitoun, Chaussidière, Bouden, Bucher, El Ouardi, Belhadj sont autant d'espoirs à suivre de très près. Sans oublier le plus talentueux d'entre eux : Oulmers, qui n'en finit pas d'éclater à Wasquehal. Il serait bon que le Club gère un peu mieux que par le passé le potentiel d'un tel réservoir.

Sans Coupe d'Europe à jouer et avec des moyens financiers revus à la baisse, Lens aura bien du mal lors de l'intersaison à attirer des joueurs de talent et d'expérience (sans parler du dépôt de munitions de Vimy qui risque d'exploser à tout moment). Aussi n'est il peut être pas inutile de déjà se préparer mentalement à vivre au moins une saison de transition. Mais après tout, ce retour à des sources pas si lointaines ne devrait pas nous faire de mal. Retrouver le bonheur d'une belle victoire surprise, s'enthousiasmer d'un comportement de morts de faim, s'émerveiller de la découverte d'un jeune prometteur : voilà un programme qui ne me déplaît pas. Et vous ?

Plus que jamais, les anciens Lensois réussissent sur tous les fronts : Pierrot Laigle qui n'arrête plus d'être décisif à Lyon, emmenant dans son sillage Foé et Delmotte ; Tony qui retrouve une seconde jeunesse à Bordeaux ; Déhu capitaine du PSG ; Ziani bientôt de nouveau champion de France ; Wallemme, courageux entraîneur-joueur des Verts… Sans oublier «nos» expatriés : Smicer joker de luxe chez les Reds de Bergues et Houiller, Nouma deuxième buteur de Turquie, Dacourt irrésistible à Leeds et que toute l'Europe s'arrache, et bien entendu Leclercq en passe de réussir son pari fou avec la Louvière… Et on ne parlera même pas de Roger Lemerre, hors concours. Certes, ça ne change rien à notre saison décevante, mais il n'y a pas de mal à se mettre un peu de baume sur notre fierté lensoise un peu endolorie…

Encore une journée de championnat sans défaite pour nos couleurs ! Cela fait aujourd'hui très exactement 60 jours que Lens est invaincu. Pas une défaite en deux longs mois, seulement deux buts encaissés : si ce n'est pas un parcours de futur champion, ça… Bon, d'accord, Lens n'a joué que deux fois depuis le 17 février. Mais on se console comme on peut avec les statistiques...

En voilà un qui n'a pas forcément dû se réjouir de la victoire à Bastia. Il était l'auteur du but de la dernière victoire lensoise à Furiani. C'était lors de la saison 96. Et depuis, une fois par an, les médias nous rappelaient invariablement l'ami Arsène à notre bon souvenir. Lui qui était tout sauf un buteur ! Désormais dans l'encadrement du club, il n'est pas impossible qu'il nous offre de nouveau dans le futur d'autres jolis pieds de nez.

Ce mois-ci, le magazine «Pays du Nord» sort un hors-série magnifique consacré à la Région Nord-Pas de Calais vue du ciel. Et comme un joli symbole, la première photographie est celle de Bollaert, vu de haut un soir de match. La vision qu'en ont les Dieux du football lorsqu'ils n'oublient pas comme cette saison de venir se pencher sur notre berceau préféré…

Il y a quelques jours, un supporter Bastiais était venu nous donner des leçons de supporterisme sur notre Forum. Selon lui, le public de Bollaert n'est pas respectable parce qu'il ne met pas la pression sur l'adversaire. En revanche, celui de Furiani était à ses yeux le meilleur de France, car sa pratique intense de l'insulte faisait perdre aux visiteurs ses moyens. Et de conclure avec le paradoxal théorème suivant : pour qu'un public soir respecté, il ne doit pas respecter l'adversaire. La réflexion méritait d'être menée, car elle touche à un problème de fond. Hélas pour lui, les chiffres sont terribles pour la réputation d'invincibilité de Furiani : en 15 matchs à domicile cette saison, Bastia en a remporté 8, pour 3 nuls et 4 défaites ; soit un parcours tout à fait moyen, et même moins bon que celui de Nantes, Troyes, Monaco, St Etienne , PSG, et Sedan. Et pour les trois premières équipes citées, inutile de rappeler que leur stade est loin d'être réputé pour la chaleur de leurs supporters… Autre contre-exemple, plus gênant encore pour les chantres de la furia-furianesque : l'aveu d'Antonetti après la défaite à domicile face à Lens, déclarant que son propre public devient un deuxième adversaire lorsque son équipe est en difficulté. Alors, à quoi sert-il ? S'il suffit de jouer les gros bras lorsque son équipe gagne pour être un bon supporter, alors les stades de France n'en manquent pas. Mais ce n'est pas cette conception là que nous aimons.

L'élan de solidarité de (presque) tous les supporters de France envers Christophe Pignol ramène toutes les haines ridicules à la raison. L'élan lensois a été sur ce point remarquable, et il prouve que toutes les rivalités régionales passent immédiatement au second plan dès-lors qu'il est question de se serrer les coudes dans les combats humains. Malheur à ceux qui ne l'ont pas compris. Et dommage qu'il faille en arriver là pour oser le montrer.

Francis Smerecki vient de signer pour deux années supplémentaires à Nancy. Ca n'a l'air de rien, mais ça signifie quand même que l'entraîneur le plus défensif et au jeu le plus ennuyeux de France n'est plus libre. C'est toujours ça de gagné pour la saison prochaine…