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 La tête ailleurs ? | | Mais ils sont où les Sang et Or ?!
Par Elie Date 17/4/2002
Depuis quelques semaines, le leader irrésistible a perdu de sa superbe. Plus que jamais, nous continuons d'y croire. Mais que cela ne nous empêche pas de nous interroger sur ce qui a grippé la belle machine à gagner. Tout n'est pas agréable à dire, mais c'est pour la bonne cause... |
Nous nous sommes suffisamment régalés des chiffres exceptionnels du Racing cette saison pour ne pas tirer
la sonnette d'alarme aujourd'hui : après avoir surfé sur une incroyable moyenne de 2,2 points/match
jusqu'en janvier, Lens carbure depuis cinq matchs à la vitesse de l'escargot dans l'Alpe d'Huez :
1 point par match en moyenne. Un tableau de marche beaucoup trop poussif pour pouvoir couper
la ligne d'arrivée le premier et les mains en haut du guidon (d'autant que les escargots n'en ont pas).
Qu'est-ce qui ne marche plus depuis deux mois ? Qui a caché la flamme sacrée ?
Les causes du succès sang et or cette année tient dans une recette simple: la complémentarité
bien huilée de deux éléments :
- un bloc-équipe extrêmement soudé, solidaire et volontaire,
- et le talent percutant de quelques joueurs exceptionnels.
Aujourd'hui, ces deux composantes ne fonctionnent plus de façon satisfaisante. Tentons d'en cerner les causes.
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LE BLOC-EQUIPE S'EST LEZARDE
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La défaite à Bastia a été très révélatrice : où étaient l'agressivité, la défense collective,
le pressing habituels ? Il est un peu trop facile de mettre la défaite sur le seul dos d'une défense qui
a pris l'eau.
D'habitude en effet, les premiers défenseurs sont nos attaquants (Moreira-Diouf, rois du pressing),
puis en deuxième rideau notre milieu de terrain (les essuie-glaces Blanchard et Bak,
auxquels viennent prêter main forte Pédron et Corridon). A Furiani comme contre Troyes, nos attaquants sont
restés amorphes, Pédron avait fait venir son fantôme, et Blanchard a physiquement disparu en deuxième mi-temps.
Résultat : des déferlantes Bastiaises sur une pauvre défense logiquement débordée.
C'est le cas depuis quelques matchs : les fondamentaux sont oubliés, la solidarité se fendille,
l'engagement est insuffisant. Et Lens subit.
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LE TALENT DORT
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A la solidité, Lens avait su ajouter cette saison la touche de talent qui faisait de l'équipe
la meilleure attaque du championnat et la plus conquérante à l'extérieur.
Parfois, une seule occasion suffisait pour remporter le match ; une seule improvisation
de Moreira, Diouf ou Pédron permettait de débloquer les situations difficiles, charge ensuite à
l'altruisme du collectif de tenir le résultat.
Mais depuis cinq matchs encore, nos joueurs créatifs sont aux abonnés absents. Le pied gauche de
Pédron brille par intermittence, voire pas du tout. Moreira a perdu son coup de rein dans les courses
et sa réussite dans les tirs. Diouf a retouvé son niveau de la saison dernière : inconstant et inefficace...
sauf pour recevoir des cartons jaunes qui pénalisent l'équipe.
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GROSSE FATIGUE ?
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Bien que le rythme actuel du championnat ne soit pas particulièrement élevé, on observe clairement chez les Lensois
une baisse de l'intensité dans l'engagement physique. La saison a été longue, et le système
tactique lensois n'est pas économe d'efforts, bien au contraire. Logique donc que certains tirent la
langue. Mais très embêtant lorsque le sprint final arrive dans les derniers mètres...
Et puis surtout, observons que la fatigue semble s'être surtout abattue sur des joueurs fondamentaux
dans le système Mullerien : Wallemme, Blanchard, Pédron, Corridon... C'est toute la charpente
de l'équipe qui ne tient plus actuellement la distance, et on a vu avec quels effets désastreux samedi dernier en deuxième mi-temps.
" Contre Bastia, on n'a pas du tout été présent physiquement " confessait d'ailleurs Wallemme à
l'issue du match.
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GROSSE PEUR ?
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Annoncée autant qu'espérée par tous les médias nationaux, la fameuse pression qui provoque
la peur de gagner pourrait finalement bien s'être abattue sur les épaules Sang et Or.
On croyait les joueurs armés face à ce genre d'évènement, forts pour la plupart d'une expérience
importante et d'une maturité suffisante, mais on s'aperçoit avec inquiétude que certains
n'assument pas. Moins d'emprise sur l'adversaire, un pressing moins haut, une tendance à reculer
voire à déjouer : bref, ce n'est pas bon signe.
Avec deux notables exceptions toutefois : Warmuz, vrai capitaine irréprochable ; et
Sibierski, au caractère en acier trempé qui fait de lui le meilleur Lensois depuis quelques matchs.
Il est même apparu très en colère samedi contre la friabilité du moral de ses équipiers, et
sa réaction en dit long sur son état d'esprit... mais aussi sur celui de certains joueurs de l'équipe :
" Comment peut on être ambitieux quand on ne sait pas garder le ballon ? Tout est dans la tête.
C'est vrai que Bastia a fait un bon match, mais en tant que candidat au titre, nous devons être
capables d'imposer notre jeu. Lorsqu'on est dans notre position, vous devez être forts mentalement
pour aller au bout. Si vous voulez être champions, vous devez vous surpasser. "
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GROSSE TETE ?
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C'est là un sujet qui fâche, et on aimerait ne pas avoir raison sur ce point. Qu'est-ce qui fait
que l'on arrive à se surpasser mentalement et physiquement, sinon l'envie, la fierté et le titre
au bout ?
Et si certains de nos joueurs n'avaient plus tout cela suffisamment chevillé au corps et à l'esprit ?
Hypothèse trop pessimiste probablement, mais n'empêche :
- Ismaël ne sera plus Lensois la saison prochaine, c'est une certitude depuis quelques temps ; et où est passé
le Valérien du début de saison, impérial en défense et souverain sur les corners ?
- Diouf : on sait qu'il est très sollicité par les plus grands clubs étrangers ; on sait aussi
qu'il s'est fait une priorité personnelle de briller lors de la Coupe du Monde. Sans vouloir
l'accuser, on peut légitimement comprendre que l'esprit d'El-Hadji ne soit actuellement pas à 100%
tourné vers l'équipe et le titre. C'est humain. Mais c'est dommage.
- Et Moreira ? N'est-il pas dans la même position quant-à son avenir ?
- Et Pédron ? Le meilleur milieu du championnat selon les notes de l'Equipe ne doit pas
non plus manquer de sollicitations...
Bref, de là à imaginer que certains, et pas des moindres, ont l'esprit déjà ailleurs et se
préoccupent un peu moins du palmarès de Lens, il n'y a qu'un pas qu'on aimerait ne pas avoir
à franchir...
Samedi soir encore, Warmuz confiait qu'il s'était senti "complètement effondré" après le troisième
but bastiais, pensant que le titre venait définitivement de s'envoler. Hélas, certains de ses équipiers
ne semblaient pas aussi accablés...
Faisons néanmoins confiance au professionnalisme des joueurs,
au recadrage que ne va pas manquer d'entreprendre le Staff, et surtout à la fierté que doit provoquer
le fait de revêtir le maillot Sang et Or.
Alors Messieurs : accrochez-vous, battez-vous, n'ayez aucun regret !
Le peuple Sang et Or saura vous en remercier.
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Et vous, comment analysez-vous le ralentissement lensois ? |
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